Le combat émancipateur des Noirs américains a toujours porté en lui une voix, une musique. Des works songs échappés des champs de coton du Sud, au gansta rap assené par les princes facétieux des ghettos du Bronx, chaque lutte libératrice a imprimé son intime musique. Cette bande sonore de l’Amérique noire est au cœur d’un film : «Black Music : Des chaînes de fer aux chaînes en or » : un documentaire de 104 mn, réalisé par Marc-Aurèle Vecchione et Pierre Evil. Le thème est d’une telle richesse qu’il aurait pu semer nos réalisateurs dans un dédale d’images sans réel récit. Or c’est tout le contraire : "Black music : des chaînes en fer aux chaînes en or" est un exercice filmique adroit, didactique et formidablement documenté. A partir d’une construction narrative solide, chaque évènement relaté est replacé dans son contexte politique et social et s’incarne de suite en une mélodie, une chanson comme Steal Away, titre negro spiritual né dans les champs de coton, à la fois chant d’espoir et appel à l’évasion. Le blues de Buddy Bolden, et cet étrange fruit suspendu aux arbres du Sud et à l’âme meurtrie d’une Billie Holiday à jamais associée à ce titre anti ségrégationniste. Otis Redding, James Brown, Sam Cooke jusque GrandMaster Flash, Public Enemy, Snoog Dog et une foultitude d’autres figures rejoignent cette somptueuse bande son de l’histoire américaine. Et bonne nouvelle, le documentaire est en accès libre et gratuit sur internet : https://vimeo.com/7414508

Mariam DIOP