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Le journal de Mariam

Humaines cultures

Régis Kole, un homme du monde

Publié le 30 Novembre 2014 par Mariam Diop in ARTICLES

Artiste lumineux à la voix ample, le chanteur franco-béninois Régis Kole essaime avec élégance, les morceaux soul, blues, folk de son dernier EP "Here & Now".  Interview.

Pop, soul, polyphonies africaines, blues... Tous ces univers irriguent votre album Here & Now. D’où vous vient cet éclectisme musical ?

Regis Kole : La  musique confine à l’universelle, elle se partage. Il m'est impossible de coller un style à une mélodie, voilà pourquoi j’ai toujours eu du mal avec les étiquettes.

Here and Now semble un album plus dense, plus intime que ne l’était votre premier opus, Optimistic soul ?

Régis Kole : Optimistic soul, était pour moi un album de démarrage constitué d’un recueil de chansons que j'avais déjà. Il m'a fait vivre de très belles aventures. Mais c’est vrai, que Here and Now est un album plus nourri, davantage réfléchi. Chaque chanson est une part de moi-même.

Lokua Kanza, Manu Dibango, Dominic James.. tous ces artistes ont contribué à votre album. Racontez-nous l’une de ces rencontres.

Régis Kole : J’ai grandi avec les musiques de Lokua Kanza, de Manu Dibango… Lorsque je me suis retrouvé à leur côté lors d’un festival, je suis redevenu un enfant. Et c’est au fil de l’échange, que Manu Dibango m’a très simplement et gentiment proposé d’assurer ses premières parties, deux années de suite. Quand plus tard, je me suis mis à l’écriture du morceau Tché ché Koulé en hommage à ces figures de la musique qui m’ont toujours accompagnées, Manu a accepté de poser sa voix et son saxo sur le titre, pour mon plus grand bonheur et je l’espère, celui de tous.

Avec Curtis Mayfield, Isaac Heyes, Herbie Hancock, qu’elles sont vos influences plus actuelles ?

Régis Kole : J’écoute beaucoup John Legend, Grégory Porter, Massilia Sound System, je suis un inconditionnel de Raoul Midon mais j’aime aussi des artistes interprètes moins connus comme Julia Sarr, Fadaa Freddy, ou Awa Ly une magnifique chanteuse sénégalaise établie en Italie. J’essaie de rester connecté à tout ce monde bouillonnant, de création. C’est peut-être d’ailleurs, ce qui me rapproche de la grande époque de la soul, de ces années 60 où les artistes malgré des vies personnelles difficiles parfois, restaient très inventifs. Je retrouve un peu cette veine chez certains artistes actuels. Ils sont porteurs de messages profonds et forts à partager avec le public.

 Comment composez-vous vos morceaux ?

Régis Kole : Je débute toujours par la mélodie, Les paroles, elles, viennent s’y poser délicatement. Ensuite, je la place dans le bon tempo, avant de la présenter à mes musiciens, J’aime savoir comment ils la ressentent. Je ne sais pour les autres artistes mais je prends aussi le temps de les confronter au public qui sent lorsqu’elle est affûtée. La mélodie, c’est ce qui restera à l’esprit des gens. Elle est donc importante. 

Vos musiciens sont-ils des compagnons de route ?

Régis Kole : Les musiciens de mon album Here & Now, sont aussi en concert avec moi. C’est cela un projet, il concentre les énergies de chacun de nous et les dirige vers un même objectif. Luc Montanary, bassiste et chœur par exemple, est la première personne que je consulte lorsque j’ai fini une mélodie. je discute aussi avec Dona Myrette pour la voix et les chœurs qui viendront s'y poser. Je travaille aussi avec le guitariste Alexandre Bénichou, Christophe Mareschal à la batterie/calebasse et aux percussions. D’autres musiciens sont arrivés en cours de projet, c’est le cas des cuivres avec le trompettiste Vincent Raymond, et Harry Ahonlonsou, saxophone soprano et ténor, Ryadh mon claviste. Un petit coucou aux magnifiques choristes, Makeda et Nenaa.

Cet album a été conçu entre la France,  New-York et Chicago.  Vous avez vécu aux Etats-Unis votre album devait passer  par là ?

Régis Kole : Je ne me suis même pas posé la question. En tous cas je ne voulais pas amener un son américain à mon album. D’ailleurs l’un de mes titres terminé là bas, est sûrement, le plus béninois d’entre tous. Je voulais trouver aux Etats-Unis quelque chose de l’ordre d’une ambiance, d’une mixité. C’est ainsi qu’à New-York, Dominic James (guitariste d'Angélique Kidjo) a joué sur mon titre « Agbafafa ».

 Here & Now est aussi une itinérance à travers les langues : le Français, l’Anglais le Goun*. Dans quelle langue vous vient une chanson ?

Régis Kole : Ce qui m'importe avant tout c’est l’émotion et ce que l’on veut dire à travers elle. Tout part de là. Par exemple mon morceau « Koklozin » qui évoque un passage douloureux de ma vie. J’ai couché mes mots sur le papier en langue goun, puis je les ai  traduits en Français sous le titre "Vas y doucement" mais ça ne correspondait pas totalement à ce que je voulais exprimer. Or, dans cet album j’avais vraiment envie de retrouver la façon dont je me l’étais chanté, ma première émotion en quelque sorte. J’ai eu la conviction d'emprunter la bonne voie en la chantant en langue goun. Cela a pris du temps mais j'adore ce travail d’écriture !

Quels bruits du monde trouvent un écho dans vos morceaux ?

Régis Kole Je suis citoyen du monde et tant pis si le terme est un peu galvaudé aujourd'hui. Quoi qu'on en dise, ce qui survient dans une culture a immanquablement des incidences sur une autre. Lorsqu’un conflit guerrier est déclaré quelquepart, on sait qu'il aura un impact au-delà de ce que les politiques imaginent. C'est ce que j'essaie de dire à travers mes chansons. Quand je chante "My whole world is changing" je ne parle pas d’une révolution mais de ce moment où les gens prennent conscience qu’un nouvel équilibre politique est en train de naître. Un jour, un certain Nelson Mandela a cristallisé les opinions avant de  présider aux destinées de son pays. Se sont ces moments suspendus dans le temps qui façonnent notre monde se sont ceux-là même qu'il faut savoir percevoir. Rien ni personne ne peut empêcher l'inéluctable.

°langue du Bénin, cousine du fon
 

 

Régis Kole, un homme du monde

Ce qui m'importe avant tout c’est l’émotion et ce que l’on veut dire à travers elle. Tout part de là.

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